Jean Kammerer, 1918 - 2013
Dans cette longue et si riche suite d’années, choisissons de porter notre regard, si loin, si proche, sur ce que fut la présence de Jean Kammerer à la Paroisse universitaire et, si peu que ce soit, de l’en remercier.
C’est au cours des années fastes de l’après-Concile, en 1967, qu’il fut nommé, à la demande de la Paroisse Universitaire, aumônier national des groupes du Secondaire. Aumônier de lycée, puis aumônier diocésain de la PU à Besançon, il était, en nous rejoignant à Paris, en pays connu, et il trouva vite la place qui devait être la sienne pendant près de dix ans, en toute confiance, dans le groupe des responsables de la branche « secondaires » en même temps que dans l’équipe des aumôniers nationaux, au nombre de trois en ces temps prospères .
Jean était un homme de rencontres : avec les groupes, qu’il allait volontiers susciter au rythme de ses voyages, encourager, mettre en relation. Avec les personnes aussi, n’oubliant pas ceux qu’il avait une fois croisés, sachant rejoindre chacun au moment nécessaire : pour beaucoup d’entre nous, le temps a conforté ces amitiés bien au-delà de sa présence à la PU.
Il mettait au service de tous des choix à la fois libres et exigeants. Ainsi en était-il, par exemple, des liturgies habituelles comme des grandes assemblées : expression de la communauté et travaillées comme telles, il les voulait belles, porteuses de sens, et par là créatrices, quitte à faire frémir les évêques : celles des Journées de Grenoble en 1969 furent discutées jusqu’à Rome ! Mais quelles belles images du peuple des baptisés il y eut là…
Dans les équipes qu’il suivait de plus près – et certaines jusqu’à ces tout derniers mois – il intervenait avec discrétion, humour souvent, porté par une grande ouverture aux évolutions du monde et la conviction que l’Eglise devait saisir cette chance. C’est certainement cette conviction qui l’a guidé ensuite dans les charges pastorales qu’il a assurées, après son départ, à la paroisse Saint-Jacques du Haut-Pas ou à la chapelle Saint-Bernard, au pied de la gare Montparnasse.
Revenu à 26 ans des profondeurs de la déportation à Dachau, il en parlait peu à l’extérieur (1). Mais sa fidélité à ce qu’il y avait vécu sous-tendait ses choix essentiels, et en particulier ses engagements (Soins palliatifs (2), ACAT, Lourdes Cancer Espérance ) aux lieux où se jouent le sens de la vie humaine à ses limites, l’image même de l’homme et, forcément, celle de Dieu.
De tout cela, merci !
Marie-Hélène Depardon
(1) Il en a rassemblé l’essentiel dans La baraque des prêtres à Dachau, Ed. Brepols 1995 (ISBN-13: 978-2503830223)
(2) 100 prières pour les malades, Ed. Salvator 2006 (ISBN-13: 978-2706704314)
Bienvenue !