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Aline

17 octobre 2014 By

Les "classes moyennes de la sainteté"...Moyennes? pas tant que ça!

                                      

   Il ne s’agit pas ici d’une femme célèbre, mais pour moi c’est une grande dame. Aline est une institutrice née et éduquée en Bretagne, qui vit à plus de 90 ans dans une maison de retraite du nord de la France. Je ne pense pas qu’elle y soit très heureuse : la plupart des gens qui sont là ont vécu de la culture ou du commerce de la pomme de terre, et la patate est le seul sujet des conversations. Mais elle n’est pas vaincue. Elle y fomente de petites révolutions, comme par exemple de cesser de proposer de la soupe le midi et le soir. Ce qui n’a pas plu à tous les résidents. Elle a ses plaisirs : pouvoir regarder la télévision la nuit, quand c’est intéressant… Se faire conduire à la médiathèque voisine, dont elle est la seule habituée. Quand un livre lui a plu, elle propose une fiche de lecture pour les usagers éventuels. Comme dit mon épouse, Thérèse, c’est une personne dont je n’imaginais pas qu’elle puisse vivre dans une maison de retraite, et pourtant, chaque fois qu’on va la voir, c’est nous qui sortons réconfortés !

   A-t-elle fait de la Résistance ? J’incline à le croire, bien qu’elle ne m’en ait jamais parlé. Elle s’inscrit en faux contre le mythe de la France toute acquise à la collaboration, qui a succédé au mythe de la France résistante : en tout cas, la Bretagne, selon elle, a vite été du côté de la Résistance et de la France Libre.

   Institutrice, elle a toujours conservé sa liberté de pensée face aux modes pédagogiques. Elle s’amuse encore, complice, d’un inspecteur qui avait terminé sa conférence pédagogique par « et le reste vous sera donné par surcroît »…

   Elle a aimé voyager, en France, à l’étranger. Mais ce qu’elle connaît par cœur, c’est la France, surtout dans ses recoins un peu à l’écart, dont elle se réjouit que nous les découvrions. Et en maint endroit, elle a exploré les archives. Curieuse, toute sa vie elle a éveillé la curiosité de ses proches, de ses élèves, elle n’a d’ailleurs pas cessé. Mérite-t-elle que l’on dise à son propos, comme on disait de certain de mes anciens professeurs : ce qu’Aline ne connaît pas ne mérite pas d’être connu ? Elle éveillait aussi le sens du beau : ainsi, une nuit, réveilla-t-elle son fils pour lui faire entendre le chant du rossignol.

   La vie, en général, n’épargne personne. Mais certains paient un plus lourd tribut.

Maladies : après avoir survécu à deux cancers, elle est actuellement atteinte par la maladie de parkinson, heureusement bien soignée. Mon médecin m’a dit : Arafat est bien soigné ; Jean Paul II, non ! Ce serait trop facile de rappeler le couplet de cette vieille chanson : « le lendemain, elle était souriante… », mais il y a de cela.

Deuils cruels : je l’ai connue veuve, jeune encore, ayant élevé seule ses trois enfants. Sauf la petite, qu’un camion a écrasée. Plusieurs années après, son curé n’en revenait toujours pas : son enfant morte dans les bras, elle réconfortait le chauffeur en lui expliquant qu’il n’y était pour rien. Elle est, avec quelques autres personnes que j’ai rencontrées, l’illustration vivante du mot de Nietzsche : ce qui ne me tue pas, me rend plus fort. Mais il s’agit d’autre chose encore, il faudrait plutôt parler de Foi et d’Espérance.

     Elle croit, ou fait mine de croire, aux histoires de son pays breton. Notamment celle de ce chauffeur de car qui avait le don d’ubiquité et dont on pouvait apercevoir le car, simultanément, en deux endroits différents. Je me souviens qu’elle m’a raconté une nouvelle de Michel Serres ; elle tirait un peu vers le merveilleux une histoire de rencontre dans le désert qui l’était déjà passablement. Oserai-je dire que la lecture de l’original, malgré le style enchanteur de Serres, m’a un peu déçu ?

   Elle fait partie de ce que Joseph Malègues appelait « Les classes moyennes de la Sainteté ». Moyennes ? Pas tant que ça !

 

manessier   Aline m’a téléphoné ce matin : il faut que je vous parle de l’exposition Manessier que j’ai vue à Saint-Riquier ; m’a fille m’y a amenée hier. Quelle merveille !... cela m’a consolée d’une de mes dernières déceptions : je voulais participer à un groupe biblique, mais on m’a dit qu’il y avait des déplacements prévus et qu’il serait trop compliqué d’y emmener des handicapés…


 

 

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