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21 août 2014 By

Le synode sur la famille décevra-t-il ?

 

Le Synode sur la famille décevra-t-il ?

On pourrait mal entendre ma question. Faut-il que les évêques donnent satisfaction à toutes les requêtes exprimées aujourd’hui, pour être dans l’air du temps ?

Je me demande, en fait, si ce synode sera l’occasion pour l’Eglise de repenser en profondeur sa vision de la sexualité.

Ou se contentera-t-il de « faire de la pédagogie », comme le font, en vain, tous les gouvernements dont la politique est rejetée ?

Pour faire bref, deux signes me rassurent, deux signes m’inquiètent.

Me rassure d’abord, le fait que les chrétiens se sont largement exprimés sur ce sujet. J’ai notamment apprécié la réponse des chrétiens qui ont répondu à l’enquête de Croire aujourd’hui. Ces chrétiens ne sont pas des marginaux dans l’Eglise ; ils sont pour la plupart catholiques pratiquants. Mais ils ne sont pas particulièrement affolés par l’évolution des mentalités, telle que, par exemple, ils la découvrent chez leurs enfants. Ils ne regrettent pas leurs choix personnels, mais que leurs enfants en fassent d’autres n’est pas un drame. Dans la mesure où, généralement, leurs enfants ont de la vie de famille une conception et une pratique généreuse.

M’inquiète alors la façon dont l’évêque français qui rapporte l’ensemble des réponses des diocèses se réfère encore à la « gradualité ». Ce qui pourrait signifier, entre autres : la proposition de l’Eglise est la bonne, sur la contraception par exemple, mais on ne peut demander à tous ce que 1% des foyers sont capables de faire : avoir recours aux méthodes naturelles. Les autres sont encouragés à se mettre en chemin vers la perfection, et on comprendra qu’ils n’y parviennent pas tout de suite. Un autre évêque rappelle, dans La Croix, qu’il ne faut pas confondre sensus fidelium et opinion publique. Certes, mais que veut-on dire, alors ?

Me rassure ensuite qu’une revue jésuite, comme Etudes, sous la plume de Philippe Bacq propose de repenser la conception de ce qu’on appelle « la loi naturelle », pour cesser de la concevoir comme une simple soumission aux lois biologiques, mais comme le souci d’être, à l’image du Père, providence pour les siens. Ou de mieux lire les textes du Nouveau testament sur la question du mariage (comme le fait, à propos des premiers chapitres de La Genèse, le bibliste André Wénin, dans la même revue) ou encore de changer de regard sur l’homosexualité. A mon sens, il n’est pas tenable, en même temps, de dire que l’on doit le plus grand respect aux personnes homosexuelles et de condamner toute pratique sexuelle de leur fait.

Mon inquiétude est que de tels messages resteront peut-être marginaux au synode des évêques. On peut se demander pourquoi, d’ailleurs, sur un tel sujet, seuls les évêques ont une voix au synode. Une voix qui n’est même pas délibérative, à ce jour. Je ne pense pas que le cardinal Muller fera passer au synode sa vision très rigoureuse, mais je ne vois pas sans appréhension le projet de béatification de Paul VI.

Non que cela me gêne, je suis assez vieux pour avoir vu, avec émotion, Paul VI embrasser le patriarche orthodoxe Athënagoras et se présenter à l’ONU comme un expert parmi d’autres pour proclamer : « Jamais plus la guerre ! » Les papes des siècles récents qui ne sont pas « portés sur les autels » donneront bientôt l’impression d’être désavoués, comme par hasard Léon XIII* et Pie XI** (mais ce dernier avait mauvais caractère, paraît-il…). Alors, ne pas béatifier le pape qui a mené à bien le Concile et a commencé à le mettre en œuvre deviendrait un message pour le moins ambigu.

Ce qui m’inquiète, ce sont les circonstances de cette béatification : le pape de Humanae Vitae béatifié en clôture d’un synode sur la famille, en annonçant, avant les débats, qu’on admire son courage d’avoir su résister à la majorité, et en découvrant un miracle « pro-vie » (ce qui ne m’empêche pas d’admirer le courage de la mère dont il est question, mais que l’on se réfère alors à Paul VI comme au grand défenseur de la vie…).

Athënagoras, au moment de Humanae vitae, avait dit, si j’en crois le témoignage d’Olivier Clément, j’aime beaucoup Paul VI, mais pourquoi en dire tant sur la vie conjugale ? Quand la porte est fermée, je me garde bien d’entrer dans la chambre des époux.

Dans le domaine de la vie sexuelle, l’Église, je pense, aurait beaucoup à apporter à une jeunesse privée, en ce domaine d’une « grammaire élémentaire du savoir vivre »***. Comme elle le fait d’ailleurs souvent très bien lors de la préparation ou de la célébration des mariages. Mais qu’elle s’applique à donner du sens, plutôt qu’à promulguer des lois.

 

*Rerum novarum, première grande encyclique sociale, et ralliement à la République, en France.

** Condamnation de l’Action française et reconnaissance de l’action de Cardjin, fondateur de la JOC, et de l’Action catholique en général.

***Selon une formule de Mgr Dagens, entendue à Arras. Il parlait de sa récente lecture de lettres de confirmands, mais il ne parlait pas spécifiquement de morale sexuelle.

 

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