Des bienfaits du téléphone et d'une tasse de thé
Dans mon casier en salle des profs, un petit carton de Laurence, prof d'espagnol, qui m'invite à un thé jeudi à 17 h 15 après les cours, pour "fêter son retour parmi nous"… Le carton est joli et soigné ; le même est reproduit en grand sur le tableau de la salle des profs.
C'est vrai que Laurence, après une récidive de cancer du sein, une lourde opération, une chimio, presque 12 mois d'absence, est revenue enseigner au lycée, en mi-temps thérapeutique. Je me rends bien volontiers à l'invitation, d'autant que je me reproche un peu de ne pas lui avoir fait beaucoup signe l'année dernière : j'ai souvenir d'1 ou 2 coups de fil en vitesse, peut-être 3 ? je ne sais plus… Mais j'aurais voulu aller la voir, et je ne l'ai pas fait… avec de bonnes excuses en "temps scolaire", mais guère pendant les vacances (enfin si, tout de même : je suis partie ailleurs, j'ai eu ma petite-fille… et en fin de vacances c'est la course aux copies, que j'ai benoîtement laissées traîner, des fois que mon bic rouge s'y mettrait tout seul...!). Bref, j'ai un peu honte de n'avoir pas "assuré", pas beaucoup manifesté mon amitié, même si cette collègue a été très présente dans ma prière.
Au jour dit, je suis en salle des profs, et là, je vois : plusieurs théières (très jolies !) avec des thés différents et de jolies étiquettes pour nous informer ; des gâteaux, petits et grands, tous plus appétissants les uns que les autres (Laurence me dira ensuite avoir mis "le temps libre à profit" pour se remettre à la pâtisserie) ; des napperons et des nappes… et surtout Laurence et son sourire ! En quelques mots très simples, elle nous dit de façon pudique et presque sèche combien notre soutien l'a aidée à traverser ces jours difficiles. Comme je lui glisse, entre deux gorgées et trois bouchées, que j'ai un peu honte de m'être assez peu manifestée, elle me rétorque que c'était très bien, mes 3 coups de fil, que presque tout le personnel du lycée en a fait autant, et qu'au lieu d'avoir 2 ou 3 collègues très très (trop ?) présentes, elle a apprécié que tout le monde apporte sa touche : qui une lettre, une carte, un livre, un bouquet, une visite… que c'était mieux comme ça parce que très varié, divers, et pas "trop lourd" (car certains jours elle supportait mal questions, visites, mines affligées et coups de fil).
Et je m'émerveille qu'une fois de plus, avec mes/nos minables "2 pains et 3 poissons" * à chacun(e), une personne ait été nourrie et rassasiée pendant plusieurs semaines, et ait à cœur de nous dire merci, d'à son tour "faire quelque chose pour " nous.
Merci Seigneur !
* ce qui ne m'empêchera pas d'essayer de faire un réel effort pour me manifester davantage auprès du prochain collègue en arrêt-maladie…