CDEP
Chrétiens dans
l'enseignement public

Philippe Marniquet

Publié le

un prêtre conciliaire

 

Ph Marniquet Marly07Ces deux dernières années, les chrétiens rémois ont assisté, impuissants, au déclin de la santé de Philippe, à la maladie qui progressivement l'a privé de sa personnalité et de sa mémoire, et finalement l'a emporté. Et avant même sa mort, c'est cette évolution qui a été pour nous tous une souffrance : nous ne retrouvions plus le Philippe que nous avions connu, et lui ne nous reconnaissait plus. Car Philippe, justement, c'était le contraire de tout cela.

Simone et moi l'avons connu alors que, jeune prêtre, il effectuait un stage dans notre paroisse rémoise. Il avait notre âge, et nous avons tout de suite sympathisé. D'abord grâce à cette ouverture, cette bonhomie, qui lui rendaient le contact si facile avec tous, depuis les lycéens du lycée Roosevelt jusqu'aux malades de l'hôpital où il a terminé sa carrière comme aumônier, en passant par les étudiants des Facs de Reims et les enseignants du technique – sans compter bon nombre d'autres ! Grâce à cet humour aussi, quelquefois loufoque ou grinçant, mais jamais méchant, qui le caractérisait. Un prêtre au contact, pleinement concerné par la vie des femmes et des hommes qu'il rencontrait.

Mais nous avons sympathisé aussi avec le prêtre profondément conciliaire qu'il était. Formé dans le temps de Vatican II et dans les années qui l'ont suivi, il se voulait à l'écoute des uns et des autres, intervenant dans une réunion quand c'était nécessaire, mais laissant une place majeure à la parole de tous, qu'il respectait profondément. Il y était aidé par une grande culture – Philippe était un homme de livres… et de films – qui lui permettait de relativiser ce qui était dit, d'en faire valoir les richesses, mais aussi d'en montrer les limites. Et c'est là que l'humour lui permettait de faire passer ce qui, quelquefois, pouvait sembler plus difficile à accepter.

Conciliaire, Philippe l'était aussi par son souci constant de soutenir et d'encourager les initiatives des laïcs, jusque dans les formes des célébrations en petits groupes – mais en les aidant en même temps à discerner et à approfondir les divers temps de la liturgie. Il était de ces hommes qui lancent les autres en avant, en sachant se retirer pour leur faire place.

Mais nous autres Chrétiens dans l'Enseignement Public ne pouvons pas oublier l'aumônier qu'il a été à nos côtés, d'abord pour l'équipe technique de la PU rémoise, puis comme aumônier national de la "branche technique", et enfin comme aumônier national de la PU, puis de CdEP une fois réalisée cette fusion qu'il avait soutenue et encouragée. Il y a déployé toutes ses qualités de dialogue et d'écoute, ouvert son carnet d'adresses et apporté sa culture et ses connaissances, et surtout vécu pleinement son choix indéfectible d'être aux côtés de l'Enseignement Public, ouvert à tous sans exclusive, et respectueux de tous.

Je laisse le mot de la fin à mon fils aîné, dont il avait béni le mariage : "Il a été là dans des moments importants, et restera dans nos cœurs comme ce prêtre joyeux qui donne une bonne image à l'Église." C'est peut-être d'abord cela, un prêtre conciliaire.

En Jésus-Christ et dans nos cœurs, repose en paix, Philippe.

Gérard Fischer
Reims