Alors qu'il était archevêque de Lille, Mgr Ulrich a écrit des messages à plusieurs catégories de personnes. Découvrez celui qu'il a adressé aux enseignants et aux éducateurs en Novembre 2012
Vous faites un beau métier. Je le sais parce que je l’ai moi-même exercé.
Dans des écoles, des collèges, des lycées ; dans l’enseignement supérieur; dans des institutions spécialisées, vous faites route avec des enfants ou des jeunes. Pour un temps, vous avez la charge – que dis-je ? La mission ! – de les aider à grandir et à se structurer, à devenir adultes. Ils ont besoin de trouver devant eux des adultes qui croient en ce qu’ils font, qui sont habités par la confiance.
Je sais que ce métier vous passionne. Mais je sais aussi que certains le trouvent difficile et l’exercent dans des conditions jugées médiocres ; certains même sont habités par l’amertume et perçoivent des décalages notoires entre ce qu’ils souhaitent donner et ce que les élèves attendent. Votre enthousiasme est souvent mis à l’épreuve. Je sais aussi, dans ces heures-là, les solidarités que vous vivez, les compagnonnages nécessaires et fructueux que vous expérimentez.
Le métier d’enseignant ou d’éducateur n’a pas d’avenir s’il se vit isolément. Vous êtes liés à d’autres, et c’est toujours ensemble que vous pourrez bien vivre votre responsabilité professionnelle.
Je vous entends souvent dire que si vous avez choisi l’enseignement, c’est parce qu’un jour vous avez été séduits par la façon d’être d’un de vos « profs » : mystérieusement, tel de vos maîtres est devenu un témoin et vous a donné l’envie de faire grandir, de transmettre, de rendre plus humain.
Croyez qu’aujourd’hui encore votre manière d’accueillir, d’accompagner, d’écouter les jeunes dit quelque chose de ce que vous portez et leur donnera de découvrir leur propre chemin. Dans une lettre écrite dix ans après le Concile, le Pape Paul VI disait que « l’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ». Cela reste vrai. Les jeunes ont besoin de vous.
Depuis des siècles, des hommes et des femmes, habités par le Christ, ont compris que l’Evangile est un ferment de croissance et d’humanisation. Certains d’entre eux ont voué leur vie à l’éducation, comme Don Bosco, Nicolas Barré, Ignace de Loyola, Louise de Marillac, Marie-Sophie Barra, Jean-Baptiste de la Salle... et tant d’autres. Leurs intuitions demeurent contemporaines. Certains en vivent encore. Cherchez à les découvrir, et à en vivre aussi.
Les jeunes vous changent. Ils vous ouvrent. Ils vous « déménagent » ! Je vous invite à mesurer ce que vous devenez, car enseigner est bien un « exercice spirituel ». Mettez des mots sur ce que vous vivez, et si vous êtes croyants - pourquoi pas avec d’autres ? - tissez ces mots avec ceux de l’Evangile. Du nouveau en jaillira, il vous donnera de servir les jeunes générations avec une joie renouvelée. Oui, vous faites un beau métier.
† Laurent Ulrich, Archevêque de Lille (Novembre 2012)