CDEP
Chrétiens dans
l'enseignement public

Equipe Asnières (Octobre 2024)

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Equipe Asnières (Octobre 2024)

Nous avons commencé la lecture du livre de Marion Muller-Colard, L'Intranquillité. Cela nous change et nous avons tous eu un peu de difficultés à faire le lien entre cette lecture et notre vie d'enseignant.

Un passage a cependant retenu notre attention à tous, page 14. Notre souplesse face aux imprévus est le signe de l'acceptation de l'intranquillité. Dans la classe, mais aussi dans nos vies d'établissement, c'est notre quotidien. Rien ne se passe jamais comme nous l'avons prévu : aujourd'hui pour Hélène, c'était la minute de silence sans aucun signal de départ (et qui est donc tombée à l'eau), et pour Marianne, il y a quelques jours, un élève qui a fait un jeu de mots très drôle sur un cours qui ne l'était pas du tout (il s'agissait du cours sur l'antisémitisme nazi). Philippe rajoutera cependant que notre capacité d'adaptation a des limites si on ne nous entend pas comme des experts : notre capacité d'adaptation nous pousse à créer des dispositifs dans lesquels les élèves apprennent autre chose et autrement. Surtout, ils apprennent à penser. Les adeptes du contrôle (c'est-à-dire de la tranquillité) n'ont qu'à bien se tenir ! Meige a davantage lu le livre à hauteur de maman qui se débat avec les problèmes de concentration de son fils. Il était question d'un livre de Jean-Philippe Lachaud et de petites BD, dont une avec un personnage qui se noie pendant que l'autre est plongé dans sa lecture.

Être attentif, est-ce toujours se tenir tranquille ? Acceptons que les élèves ne le soient pas toujours (tranquilles), mais reconnaissons que nous avons parfois besoin qu'ils le soient un peu. Et que l'Ecole soit pour eux le lieu des temps longs au cours desquels ils apprennent à déconstruire, à argumenter, à penser. A penser alors leur intranquillité, intranquillité de la vie, de l'existence, intranquillité de jeunes gens en construction, aux prises avec ce que leur apporte l'Ecole, parce que, à l'Ecole, oui, c'est différent de la maison ! Petit clin d'œil ici à Chantal qui nous a fait part de la polémique sur le Goncourt des lycéens : dans la BD de Valérie Igounet, Crayon noir, relatant des derniers jours de Samuel Paty, alors que la rumeur enflait sur la présentation de dessins à caractères supposés pornographiques (Mahomet les fesses à l'air flanquées d'une étoile), un parent dit : "Je trouve ça très bien que le prof montre à nos enfants des choses que je n'arrive pas à leur montrer à la maison". L'intranquillité, c'est peut-être aussi ce qui permettra un jour à nos élèves de dire "je". Je cite pour terminer Marion Muller-Colard :

"On nous regarde, on nous dit tu, et il nous faudra une vie pour répondre je. Une vie pour admettre qu'on avance à découvert, qu'il n'y a pas d'autre peau que la sienne entre soi et le monde."

Marianne