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mardi, 14 février 2012 13:59

Ecole, pauvres et pauvreté

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Situations humaines, paroles de chrétiens ; une invitation à méditer cette parole : « La valeur humaine d'une société s'évalue au sort qu'elle réserve aux plus fragiles des siens ».

L'association « Chrétiens dans l'Enseignement Public » organisait le mardi 17 janvier une rencontre sur le thème : « École, pauvres et pauvreté, situations humaines, paroles de chrétiens », dans le cadre de la réflexion lancée par Mgr Pontier avec sa lettre pastorale.

Nous étions une bonne quarantaine de personnes et nous avons pris le temps, ce soir-là au Mistral, de réfléchir, échanger et prier ensemble.

Enseignants, nous sommes confrontés à des formes de pauvreté bien visibles dans nos écoles. Pauvreté matérielle d'abord : difficile pour certaines familles de finir le mois, de payer la cantine ou de se loger décemment. Pauvreté spirituelle également : ils sont trop nombreux les enfants ou les adolescents qui ne se sentent pas reconnus ou aimés dans leurs familles ou à l'école, et ce quelle que soit l'épaisseur du compte en banque. D'où, parfois, le sentiment de rejet et d'exclusion à l'école, l'échec scolaire (pensons que des milliers de jeunes sortent chaque année du système éducatif sans qualification) et la violence qui se nourrit de cette méfiance, de ces souffrances et de ces incompréhensions.

Enseignants, nous nous sentons aussi démunis dans nos écoles face à certaines situations humaines. Les moyens matériels font défaut de plus en plus dans nos établissements. Par ailleurs, la formation des enseignants est bien pauvre pour permettre à chaque professeur d'appréhender au mieux son métier. Nous sommes tentés parfois par le découragement, la passivité, le renoncement face à l'ampleur de la tâche.

Pourtant, de grands défis s'offrent à nous : accueillir l'autre et le respecter, permettre à chacun de trouver sa place. Des réponses existent et l'heure n'est pas à l'accablement. Comme certains d'entre nous l'ont dit haut et fort ce 17 janvier, nous chrétiens sommes interdits de désespérance. « Nous nous devons d'être parmi les premiers qui luttent pour plus de justice, de solidarité, de respect des plus pauvres » (lettre pastorale, Mgr Pontier).

Lutter collectivement contre l'échec et les « ghettos scolaires », travailler en équipe, choisir des pratiques d'enseignement adaptées aux plus faibles, qui ne laissent personne au bord de la route et qui essaient de susciter l'intérêt des élèves, considérer que tout enfant est porteur de richesses et lui permettre de développer ses talents propres.

Plus simplement, chacun a souligné qu'au quotidien, nous pouvons regarder chaque enfant et chaque jeune avec le regard de Dieu. Le regard, l'écoute, l'attention portée à chacun, le temps gratuit pris avec nos élèves, autant de signes jour après jour, autant d'actes et de paroles de chrétiens.

Après avoir partagé la Parole de Dieu et dit notre foi, nous nous sommes quittés sur cette phrase de la lettre pastorale : « La valeur humaine d'une société s'évalue au sort qu'elle réserve aux plus fragiles des siens ». De quoi repartir dans sa classe avec une bonne dose de foi, de courage et de volonté : nous sommes résolument interdits de désespérance !

Jean Laurent
Marseille
 

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