7437D0CC AA1A 4DAA 81D9 54A4B898DB911Le temps est déja à la préparation de l'été, avec les premières annonces de nos sessions à déstination de tous!

vendredi, 19 novembre 2010 11:24

"Drôle" de rentrée

Écrit par

Entre engagement militant pour la qualité professionnelle et présence auprès des enfants, un dilemme pour une bonne rentrée et un bon service public !

 

Une de nos adhérentes nous envoie ce témoignage sur son vécu du mouvement social de la rentrée 2010.
 

Nouvelle rentrée, nouveau départ, nouveau défi ! Mais dans la salle des maîtres, on se pose la question "grève ou pas grève ?", et cette question se posera tout au long des deux mois qui viennent de s'écouler.

Première grève le 7 septembre. Les avis sont très partagés. Nous savons tous à quel point les premiers jours sont essentiels dans la mise en place d'une classe. Mais c'est important aussi de dire combien nous ne sommes pas d'accord avec tout ce qui se passe et la manière dont ça se passe. Je dis "C'est un peu juste pour prévenir les parents". On me répond que ce mouvement est prévu depuis longtemps. Je ne suis pas partante, mais après bien des échanges je me suis rangée à la tendance de l'école qui était à la fermeture. Quitte à faire une action, autant qu'elle ait le plus d'impact possible. Nous nous retrouvons tous à la manif et cela fait du bien de sentir que les gens sont motivés.

Quinze jours plus tard, autre grève. Même dilemme : une classe de petits, ce sont les rituels, des rythmes qui permettent d'installer un climat favorable aux apprentissages. Mais c'est aussi le moment de montrer une détermination dans la mobilisation. Je décide quand même de ne pas faire cette grève, mais j'irai manifester le week-end. Cependant au fur et à mesure ce questionnement devient épuisant. D'autant plus que côté métier et formation en particulier, les raisons de s'inquiéter et de s'interroger ne manquent pas. Je suis maître-formateur. Je ne savais pas à la rentrée si j'allais accueillir ou non les PES1 dans ma classe, si j'allais les suivre dans une autre classe. Les informations arrivent au compte-goutte. En fait, nous apprenons qu'ils seront accueillis chez des MAT2 jusqu'à la Toussaint, et que les maîtres formateurs seront leurs tuteurs après et plutôt hors temps scolaire. Je pense à ces jeunes qui découvrent le métier dans des conditions déplorables, à ces élèves qui vont voir défiler plusieurs enseignants dans leur classe, à cette formation au rabais qui crée de la souffrance, et je me sens mal dans mon service public.

Mais au milieu de toutes ces questions, de toute cette morosité, je refuse de ne pas voir d'avenir. Alors je continue d'amener mes élèves à grandir par le questionnement, j'essaie de vivre la solidarité  avec mes collègues et de défendre l'humanité dans mon quotidien. Ce sont des grands mots et des pas de fourmis, mais ils creusent un sillon de lumière dont j'ai besoin pour avancer. Il y a peu de temps, le texte sur Moïse qui, grâce à ses amis, n'a pas baissé les bras et a permis la victoire m'a regonflée à bloc. Avec les autres et avec la foi, nous réussirons à éclaircir notre horizon et à sortir de cette spirale de découragement.

Chantal de la Ronde
PEMF en élémentaire
Hauts-de-Seine
novembre 2010

1/ Professeurs des Écoles Stagiaires qui viennent d'avoir le concours et sont mis dans des classes directement.
2/ Maître d'Accueil Temporaire.

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